Nord du Mali: les négociations pour la paix continuent
En Algérie, les négociations de paix maliennes se sont achevées. Ce qui devait être la dernière
session de négociations n’a pas permis aux mouvements du nord du Mali et au gouvernement
de Bamako de trouver un accord. Une nouvelle session doit s’ouvrir début 2015.
Alors que le Nord du Mali connait un inquiétant regain de violence, les négociations
de paix à Alger constituent une chance unique de sortie de crise. Mais après
deux mois de discussions, la paix semble encore loin. Le gouvernement malien et
les groupes armés engagés dans les négociations peinent à trouver un terrain d’entente.
Des groupes influents et radicaux qui manquent à la table des négociations
sont tentés de faire dérailler le processus par la violence. La résolution du conflit
passe par l’articulation complexe d’intérêts divergents qui touchent à la sécurité du
Sahara, à la nature de l’Etat malien et aux équilibres locaux entre des communautés
divisées. Face aux affrontements armés, la tentation est grande d’aller vite et de
signer un accord à minima garantissant la sécurité à court terme. La précipitation
est mauvaise conseillère. Il faut se donner les moyens et le temps de construire les
fondements d’une paix durable.
Après des mois de blocage, l’impulsion algérienne a permis de structurer une
médiation longtemps handicapée par les rivalités institutionnelles. L’équipe de
médiation conduite par l’Algérie doit entretenir cet élan et prendre le temps de
susciter un consensus large autour du futur accord. Le document qui sert de base
à la rédaction d’un accord final est un premier pas utile mais il repose pour l’essentiel
sur des réponses qui ont déjà montré de sérieuses limites. En réduisant la crise
à un problème entre le centre et la périphérie, il ne dit presque rien des fractures
entre les communautés du Nord. Il n’ouvre guère de perspective pour concevoir les
institutions politiques et sécuritaires qui garantiront une répartition équitable des
ressources et des responsabilités entre ces communautés.
Tous les acteurs impliqués dans la résolution de la crise doivent tirer les leçons
des précédents accords, qui présentaient des lacunes évidentes : les fonds manquaient
pour une application rapide ; le mécanisme de garantie internationale n’a
pas joué son rôle d’alerte ; et les accords se sont focalisés sur les rapports entre les
régions du Nord et l’Etat central, négligeant la question des équilibres locaux. Sur
le plan sécuritaire, l’intégration des anciens rebelles dans les forces armées a généré
beaucoup de frustrations de part et d’autre.
Le Nord du Mali connait depuis plusieurs semaines un regain de violence, notamment
en raison de l’activité de groupes jihadistes et d’affrontements entre
groupes armés en violation du cessez-le-feu signé en mai dernier. Face aux attentats
contre la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la paix
au Mali (Minusma), qui augmentent de manière inquiétante, il est tentant de renforcer
l’option sécuritaire. Mais la meilleure solution reste encore de soutenir un
accord réaliste et durable. A Bamako, le choc de la débâcle de Kidal en mai 2014
n’a pas été complètement digéré. La frange la plus souverainiste n’exclut toujours
pas l’option militaire avec le soutien des forces internationales.
Beaucoup reste à faire alors que la dernière phase des négociations s’ouvre le
20 novembre dans un climat tendu. Un nouvel enlisement des discussions serait
préjudiciable aux deux parties. Il n’est dans l’intérêt de personne de précipiter la
signature d’un accord incomplet. Les partenaires internationaux du Mali, qui seront
demain les garants politiques et financiers de l’accord, ne doivent pas s’associer
à un accord bancal. Un échec serait également préjudiciable aux efforts
louables que l’Algérie déploie pour stabiliser la région.
Du côté du gouvernement, plus l’absence de l’administration se prolonge au Nord,
plus il sera difficile de restaurer pleinement la présence de l’Etat. Du côté de la
Coordination des mouvements de l’Azawad, l’insécurite entame le crédit
politique et diplomatique depuis la victoire de Kidal.