L'art du pāreu ou pareo de Tahiti
Il a fait le tour de la terre, comme tatouage, mana, tabou et bien d’autres. Ce mot magique fait partie du patrimoine mondial. A Tahiti, il est au-delà des modes, des sexes, des classes sociales, au-delà du temps. Le paréo, pāreu de son appellation d'origine tahitienne, c’est le vêtement dans sa plus simple expression.
photo: Creative Commons
Un tissu d’environ 1m80 sur 1m10, savamment enroulé autour du corps, la tenue idéale pour tous les moments de la journée. Avant l’arrivée des Européens en Océanie, les pagnes des premiers Polynésiens étaient faits de tapa. Cette étoffe fabriquée à partir de fibres végétales tirées de l’écorce de certains arbres ou arbustes, assouplies par macération et battage, était utilisée comme tissu.
Ces pāreu anciens étaient décorés avec des pigments naturels, de dessins à main levée figurant des motifs géométriques ou végétaux ou bien souvent unis et sans décoration. Les cotonnades européennes ont d’emblée séduit les Polynésiens et ont été mises au goût du moment. Dessins et couleurs sont devenus les symboles des archipels qui les avait adoptés : les chemises sont hawaïennes, les pāreu sont tahitiens.
Toutes les splendeurs du fenua, la terre polynésienne, sont représentées sur ce merveilleux vêtement. Les fleurs aux couleurs éclatantes, les poissons aux reflets étincelants. Les motifs de tatouage s’y étalent ainsi que les cartes des îles et des atolls aux noms évocateurs. Les pāreu sont à la mode et se parent de franges, de broderies, s’enrichissent de sequins tintant à chaque mouvement. Le pāreu est unisexe.
Les hommes le nouent à la façon d’un short moulant qui leur permet de nager ou de monter aux cocotiers pour y chercher les précieuses noix. Les femmes l’adaptent à tous les moments de la journée et le gardent même quand la fraîcheur de la nuit se fait sentir. Il y a de multiple façons de s’en draper. Des livres entiers sont consacrés à cette savante opération.
Le pāreu se porte serré autour de la taille ou sur les hanches, drapé et noué derrière la nuque, attaché sur une épaule lorsqu'il devient robe longue. La coquetterie et l’ingéniosité sont infinies. Mais il se noue sans boucle, sans épingle, sans système d’aucune sorte. Il est serré et ajusté au rythme des mouvements durant la journée et il est mis à rude épreuve quand vient le soir et que toute l’énergie est dédiée à la « bringue » et à ses tāmure endiablés.
Les tableaux des peintres, les photographies, les cartes postales le mettent toujours à l’honneur tant il est présent dans le quotidien et évocateur de bien-être, d'aisance, de volupté et d'élégance.